Centre de liaison du Grand Ayatollah Sayyid Ali Al Sistani (L.M.H.L) à Londres, Europe, Amérique du Nord et du Sud.

Les Fatwas Simplifiées

La deuxième causerie générale

Plusieurs questions préoccupent les esprits des gens et surtout les jeunes. J'en ai beaucoup à poser lors de la précédente causerie mais j'ai préféré en garder d'autres en réserve dans l'espoir de pouvoir avoir une autre causerie avec mon père. Mon souhait s'est réalisé et nous sommes à nouveau réunis pour une séance de questions réponses.

Je me suis dit alors : Il serait utile de commencer la causerie du jour par une série de questions concernant les souffrances qu'affrontent les étudiants en raison de plusieurs phénomènes au sujet desquels je souhaite savoir l'avis du législateur musulman. J'ai, donc, dit à mon père :

■ Quelques étudiants en kinésithérapie apprennent le massage médical ce qui impose de toucher le corps de la femme malade selon les exigences de la pathologie. Si l'étudiant refuse de le faire, il risque d'échouer dans l'examen. Par conséquent, est-il permis d'apprendre cette science et s'y spécialiser?

- Il est permis à l'étudiant de le faire s'il sait ou s'il a la certitude que cette spécialité permettra la sauvegarde de patients dont l'âme est respectée même dans un temps à venir. L'application du massage doit, en tout cas, se faire d'une façon qui ne peut susciter un désir sexuel.

■ Dans les facultés de médecine, l'étudiant est obligé d'ausculter la femme ou l'homme étrangers. Cette osculation peut l'amener à examiner les appareils génitaux. Est-il permis à l'étudiant de procéder à cet examen? Est-ce que le médecin en exercice peut le faire si son acte peut sauver une personne dont l'âme est respectée même dans le futur?

- Oui, ceci est permis pour l'étudiant et pour le médecin si cet acte est le seul moyen de sauver la personne dont l'âme est respectée même dans le futur.

■ Dans les hôpitaux, les infirmières prennent le pouls, mesurent la pression sanguine, soignent les blessures, etc... :

1- L'homme malade doit-il refuser qu'une infirmière touche son corps?

- Il peut demander à un infirmier d'effectuer les gestes précédents ou à l'infirmière de mettre des gants ou d'utiliser un corps isolant, tel une pièce d'étoffe, pour éviter qu'elle le touche directement.

2 - Dans quelques cas, l'infirmière ne peut éviter de toucher directement le patient car il n'y a pas d'infirmier ou sa présence provoque une gêne ou parce que l'infirmière est plus douce que son collègue homme?

- Si la nécessité impose l'osculation ou les soins et que cette opération exige le toucher direct, il lui est permis de le faire tout en se limitant à ce que réclame cette nécessité.

3 - Que faire si la blessure se situe dans les parties intimes et nécessite la mise en place d'un pansement?

- Le patient doit demander à l'infirmier, comme à l'infirmière, de porter des gants ou d'utiliser un corps isolant afin d'empêcher un contact direct avec les parties intimes. En cas d'impossibilité de trouver des gants ou un corps isolant, le toucher est permis selon les exigences du pansement.

■ Et si on change le toucher par le regard dans les cas précédents?

- Le jugement du regard illicite est le même que celui du toucher illicite. Par conséquent, il faut prendre en compte les réponses émises.

■ Dans les cas précédents, si le patient était une femme et le médecin un homme, doit-on appliquer les mêmes jugements cités?

- Oui.

■ Un mari non engagé religieusement demande à son épouse de renoncer à la prière, au voile légale, de servir du vin ou de la bière aux invités, de participer avec lui aux jeux d'argent, d'embrasser les visiteurs... et l'oblige à faire tout cela en dépit de son refus. L'épouse a-t-elle le droit de renoncer à vivre avec lui sous le même toit pour sauvegarder ses devoirs légaux?

- Oui, l'épouse a, dans ces conditions, le droit de ne pas vivre avec lui sous le même toit en fonction de ce qu'impose cette nécessité. L'époux doit, cependant, lui verser une pension complète.

■ Une femme porte le voile légale, mais son époux refuse et la menace de divorce si elle ne l’enlève pas?

- Elle n'a pas à l'enlever même si ceci peut amener au divorce.

■ Mais le divorce provoque des gênes, des difficultés et des souffrances pour des femmes?

- Qu'elle supporte la gêne et la souffrance... et qu'elle se rappelle la parole de Dieu qu'Il soit exalté : «Et quiconque craint Allah, Il lui donnera une issue favorable, et lui accordera Ses dons par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas» (Al-T.alâq (le divorce), verset 2-3).

■ L'utilisation des moyens de contraception est fréquente de nos jours. Si le mal ou la gêne exigent une auscultation locale par un médecin homme ou femme, la femme patiente peut-elle le faire sachant que la grossesse lui provoquerait une gêne ou un mal?

- Oui, il lui est permis de le faire tant que la grossesse comme les autres moyens de contraception lui provoquent une gêne ou un mal insupportables habituellement. Mais si cet examen exige, en outre, la dénudation d'autres parties du corps telles que les parties de son intimité, elle doit se tourner vers une doctoresse d'abord et en cas d'impossibilité vers un docteur.

■ Est-il permis à la femme de voir la partie située entre le nombril et les genoux d'une autre femme à l'exception du vagin et de l'anus?

- Oui, ceci lui est permis sans aucune excitation sexuelle.

■ Des femmes refusent d'enfanter alors que leurs époux le souhaitent?

- Mais comment refusent-elles?

■ En utilisant des médicaments, des injections ou en lavant le vagin après copulation?

- Tout ceci est permis s'il ne provoque pas un mal considérable à ses femmes.

■ Et le stérilet?

- Si la femme a la certitude qu'il provoque la destruction de l'ovule après sa fécondation par un spermatozoïde de l'époux, [il ne lui est pas permis de l'utiliser].

■ Et le coït interrompu... c'est-à-dire le fait que la femme empêche son époux d'éjaculer dans le vagin lors de la copulation?

- Il ne lui est pas permis de le faire.

■ L'époux peut-il obliger son épouse à ne pas enfanter alors qu'elle le souhaite?

- Mais comment peut-il l'obliger?

■ En lui imposant de prendre la pilule, ou de s'injecter un contraceptif ou encore à utiliser le stérilet.

- Il n'a pas le droit de le faire.

■ Et de pratiquer le coït interrompu de son gré?

- Oui, il a le droit de le faire.

■ Peut-il utiliser un préservatif lors de l'acte sexuel?

- Oui, [mais il est indispensable qu'il obtienne son accord d'abord].

■ Les femmes utilisent des médicaments pour empêcher la survenance des règles menstruelles?

- Elles peuvent les utiliser.

■ Dans les premiers jours de la grossesse, il est facile d'avorter du fœtus. Est-il permis à la mère de le faire?

- Non, ceci n'est pas permis sauf si la continuité de la grossesse peut provoquer un mal ou une gêne insupportables habituellement.

■ Des femmes embrassent et serrent dans leurs bras d'autres femmes dans les aéroports, les rues, les marchés et les places publiques.

- Ce genre de salutations est permis entre femmes à condition qu'il ne mène pas à l'illicite.

■ De nos jours, des femmes sortent dans les rues en découvrant des parties de leurs corps qu'il faut légalement couvrir. Est-il permis de les regarder sans désir ni envie sexuelle?

- Oui, ceci est permis si elles ne veulent pas renoncer à ces dénudations.

■ De nos jours, aussi, la femme met du khôl sur les yeux ainsi que du maquillage, porte une bague, des bracelets d'ornement puis sort dans les rues et les marchés où elle peut rencontrer des gens.

- Il ne leur est pas permis de faire ça, à l’exception faite du khol et de la bague et à condition qu'elle ait la certitude de ne pas commettre l'illicite et de ne pas ambitionner la provocation des hommes étrangers.

■ Puisque nous sommes en train de parler du voile, je souhaite t'interroger sur le cas d'une femme qui sort voir les gens tout en ayant le dos des pieds découverts?

- Il ne lui est pas permis de le faire.

■ Et une autre qui fait la prière avec le dos du pied dénudé?

- Ceci est permis car découvrir le dos et le plat des pieds lors de la prière est permis.

■ Et en ce qui concerne une femme qui prend un taxi et se retrouve seule avec le chauffeur?

- Est-ce que son geste amène une excitation du désir ou de l'envie sexuelle?

■ Non, je parle d'un exemple normal fréquent de nos jours?

- Elle peut le faire tant qu'elle a la certitude de ne pas commettre l'illicite.

■ Penser aux femmes, hormis l'épouse, intentionnellement ou non, y compris le fait d'imaginer un acte sexuel ce qui provoque le redressement de la verge sans éjaculation.

- Ceci n'est pas interdit tant qu'il ne débouche pas sur l'illicite.

■ Tu m'as dit dans une causerie précédente que la pratique de la masturbation est illicite. Est-ce que ce jugement concernent les hommes et les femmes?

- Oui, comme il n'est pas permis à l'homme de jouer avec son organe sexuel jusqu'à éjaculation, il n'est pas permis, également, à la femme de faire la même chose avec son sexe jusqu'à l'orgasme.

■ Et dans le cas d'une situation pathologique qui impose au médecin d'examiner le sperme d'un patient sachant que ce dernier ne peut le faire sortir d'une manière légale puisqu'il est dans le cabinet du médecin?

- En cas de nécessité, le patient peut la faire (la masturbation).

■ Et si la personne veut vérifier sa capacité d'enfanter et le médecin lui demande, par conséquent, de faire sortir le sperme?

- Tant qu'il n'est pas obligé de le faire, il ne lui est pas permis de recourir à la masturbation.

■ Ces derniers temps et grâce aux progrès scientifiques, on peut savoir la situation du fœtus et s'il est ou non atteint d'un handicap quelconque. Que faire si l'examen scientifique prouve l'existence d'un ou plusieurs handicaps chez le fœtus?

- Le handicap du fœtus ne permet pas à lui seul l'avortement du fœtus. Par contre, si le maintien du fœtus dans le ventre de la mère peut engendrer un mal ou une gêne insupportables pour elle, il est permis d’avorter avant que l'âme y entre car, on ne peut absolument pas le faire après.

■ La fécondation artificielle est très répandue actuellement et peut se faire de diverses façons que je souhaite t'exposer afin que je sache l'avis du législateur musulman.

- Je t'en prie.

■ On prélève le sperme de l'époux et on l'administre à son épouse par divers moyens.

- Ceci est permis en soi.

■ Est-il permis de l'administrer à une autre femme hormis son épouse?

- Non, ceci n'est pas permis.

■ On prend le spermatozoïde de l'époux et l'ovule de l'épouse et on procède à la fécondation dans une éprouvette avant de remettre l'ovule fécondé dans l'utérus de l'épouse.

- Ceci est, aussi, permis en soi.

■ On prend le spermatozoïde de l'époux et l'ovule d'une autre femme hormis l'épouse et on procède à la fécondation dans une éprouvette avant de remettre l'ovule fécondé dans l'utérus de l'épouse.

- Ceci est, également, permis en soi.

■ Mais à qui doit-on attribuer l'enfant dans ce cas? A la propriétaire de l'ovule ou à celle de l'utérus dans lequel il a poussé? En d'autre terme qui est sa mère généalogique?

- La réponse suppose deux éventualités aussi il faut faire preuve de précaution en optant pour l'une des deux.

■ Je reviens aux étudiants et leurs affaires pour t'interroger sur le châtiment corporel des enfants à l'école. Est-il obligatoire de prendre l'autorisation du tuteur de l'enfant qui doit subir une telle punition?

- Il est permis de frapper les enfants qui nuisent aux autres ou commettent un acte illicite mais avec l'autorisation du tuteur et en se limitant à trois coups de fouet [sans plus]. La punition doit s'appliquer avec douceur de façon à ce qu'elle ne provoque pas des rougeurs sur le corps, sinon celui qui l'exécute doit payer l'impôt du sang (al-diyya).

■ Est-il permis de tricher lors des examens scolaires si cela s'effectue avec la complicité de quelques enseignants?

- Ceci n'est pas permis.

■ Quelques étudiants en arts plastiques apprennent la création de statues et autres formes de créatures ayant des âmes. S'ils refusent d'y participer, ils risquent d'échouer aux examens et rater leurs diplômes. Leur est-il permis de réaliser ces œuvres?

- Le fait qu'ils échouent à l'examen n'est pas aussi grave que l'accomplissement d'un tel acte [défendu légalement].

■ Et le ballon... le fait de jouer au ballon dans les divers sports dans le cadre de matchs sans pari?

- Ceci est permis.

■ Et la lutte et la boxe sans pari?

- Elles sont permises si elles ne provoquent pas un mal corporel considérable.

■ Parmi les questions qui intéressent les hommes celle concernant le «rasage de la barbe». Quelques-uns uns se rasent la barbe et laissent les poils du menton uniquement. Ceci est-il suffisant légalement?

- [Cela ne suffit pas].

■ Et si la personne se rase la barbe aujourd'hui, peut-elle repasser le rasoir sur la partie rasée le lendemain avant que les poils repoussent?

- [Ceci n'est pas permis].

■ Permets-moi s'il te plaît de t'interroger sur la relation entre l'enfant et son père et sur ce que l'enfant doit observer envers ses parents?

- L'Islam impose à l'enfant de vivre avec bienveillance avec ses parents.

■ Très bien. Est-il donc recommandé de respecter les parents dans toutes choses y compris les affaires quotidiennes comme lorsque le père dit à son enfant : mange tel fruit ou dort à telle heure?

- Oui, il est recommandé de le faire.

■ Si le père déconseille à son enfant de ne pas faire une chose quelconque par crainte qu'un mal arrive à cet enfant sachant, toutefois, que la crainte du père est infondée?

- Il n'est pas permis d'aller contre la volonté du père dans un cas similaire par compassion vers le père qui peut en souffrir.

■ Si le père dit à son enfant : je sais que le voyage que tu veux faire ne comporte aucun risque pour toi mais ta séparation avec moi me fera souffrir et c'est pour ça que je te demande de ne pas partir?

- Avant de te répondre, laisse-moi te poser la question suivante :

Si l'enfant obéit à son père en ne voyageant pas, est-ce qu'il va subir un mal?

■ Non, l'enfant n'aura aucun mal mais renoncer au voyage implique la renonciation à son désir.

- Donc, il ne lui est pas permis de voyager puisque son voyage peut nuire à son père.

■ Je veux évoquer maintenant une question qui concerne particulièrement les jeunes. Il s'agit des jeux d'échecs et de dames, etc.. sans pari?

-Il n'est pas permis de s'adonner à ces jeux.

■ Il y a des gens qui jouent à d'autres jeux conçus pour les jeux d'argent pour le divertissement et sans pari?

- [Il est illicite de jouer à tout appareil conçu pour un jeu d'argent même sans pari].

■ Il y a des jeux électroniques qui se déroulent sur ordinateur ou par l'intermédiaire d'une console et l'écran de la télévision. Ces jeux sont conçus pour le divertissement et sans pari.

- Il n'est pas permis d'y jouer si les images qui paraissent sur l'écran représentent des appareils de jeux d'argent. Dans le cas contraire, ce genre de jeu est permis.

■ Des appareils de jeux, je passe à la danse qu'une épouse exécute devant son époux pour lui faire plaisir et l'aguicher?

- Il lui est permis de la faire.

■ Et si elle danse devant d'autres hommes?

- Il ne lui pas permis de danser devant des hommes hormis son époux, [et il ne lui est même pas permis de danser devant les femmes aussi].

■ Et la danse de l'homme devant d'autres hommes ou devant des femmes?

- [Ceci n'est également pas permis].

■ Lors des mariages et autres fêtes, les hommes et les femmes applaudissent?

- Il leur est permis de le faire à condition que cet acte ne comporte pas quelque chose d'illicite.

■ Est-il permis d'écouter les chants religieux?

- Tu fais allusion aux expressions religieuses chanter selon des rythmes utilisés par les gens du divertissement et du chant?

■ Oui.

- Dans ce cas, il est permis de les écouter et d'écouter aussi toutes les paroles chanter selon ces rythmes et qui peuvent être des louanges, des invocations [ou autres].

■ Et pour ce qui est des paroles de divertissement chantées selon ses rythmes?

- Le caractère illicite de ce genre de chants est certain.

■ Et en ce qui concerne ce qu'on appelle la musique à notre époque?

- Cette musique est de deux groupes : un correspond à ce qu'on écoute dans les lieux de divertissement et d'amusement, il est, par conséquent illicite et un autre différent et licite.

■ Quelques genres musicaux sont diffusés avant la psalmodie du Saint Coran, avant l'appel à la prière ou avant ou après une émission religieuse. Est-il permis de les écouter?

- Ils appartiennent souvent au deuxième groupe licite.

■ Et les intermèdes musicaux qui jalonnent ou précèdent les informations.

- La réponse est la même que la précédente.

■ Quelques marques de montres donnent l'heure et laissent jaillir des sons musicaux pour distraire ceux qui les portent. Est-il permis de les acheter et d'écouter leurs sons?

- Oui, c'est permis.

■ Est-il permis de l'écouter la musique classique qui, soi-disant, calme les nerfs et qu'on peut prescrire pour soigner des pathologies psychiques?

- Oui, il est licite d'écouter la musique qui ne correspond pas aux lieux de divertissement et d'amusement.

■ Et la musique des films et séries de télévision qu'on utilise pour impressionner le spectateur et susciter son émotion en augmentant le sentiment de peur par exemple?

- Ce genre de musique appartient souvent au groupe licite.

■ Quelques fois on diffuse des poèmes sentimentaux ou patriotiques accompagnés de musique.

- La même réponse que la précédente.

■ Permets-moi de te poser deux dernières questions :

- Je t'en prie.

■ Est-il permis à la femme de sortir de sa maison pour effectuer quelques affaires en étant parfumée de façon à ce que les hommes étrangers en soient subjugués.

- Il ne lui est pas permis de sortir ni de se parfumer si ceci provoque l'admiration d'un homme étranger.

■ Après le décès d'un proche, les femmes s'habillent en noir en guise de deuil et il arrive même qu'elles se tapent les visages et les poitrines ou autres. Ceci est-il permis?

- Oui, ceci est permis.

C'est ainsi que nous terminons nos causeries. Nous les reprendrons si besoin est ultérieurement. Merci mon père pour tes réponses et à bientôt si Dieu le veut.

Et louange à Dieu, le Seigneur des univers.