Centre de liaison du Grand Ayatollah Sayyid Ali Al Sistani (L.M.H.L) à Londres, Europe, Amérique du Nord et du Sud.

Les Fatwas Simplifiées

La causerie de l'aumône (al-zakât)

L'aumône légale (al-zakât) est un des cinq piliers de l'Islam. Mon père souligne que c'est une nécessité religieuse tellement importante que le Prophète (pbAsl) a dit dans un hadıth : «La prière de celui qui ne donne pas l'aumône légale n'est pas agréée».

Mon père poursuit en disant :

Lorsque le verset instituant l'aumône légale a été révélé, à savoir : Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux : «Prélève de leurs biens une s.adaqa (aumône) par laquelle tu les purifies et les bénis» (Al-Tawbah (le désaveu ou le repentir), verset 103), le Prophète (pbAsl) ordonna à un crieur public d'annoncer aux gens la nouvelle suivante : «Dieu qu'Il soit exalté et glorifié vous a imposé l'aumône légale comme Il vous a imposé la prière». Un an après, le Prophète ordonna, à nouveau, au cireur public de s'adresser à la population en disant : «Ô Musulmans, purifiez vos biens pour que vos prières soient agréées», après quoi il envoya les percepteurs pour la prélever.

Mon père me dit encore :

Alors qu'il était dans la mosquée, le Prophète (pbAsl) s'adressa à cinq personnes dans ces paroles :«Lève-toi tel, lève-toi tel, lève-toi tel, lève-toi tel, lève-toi tel», puis on leur dit : «Sortez de notre mosquée. Vous ne pouvez pas y prier puisque vous ne donnez pas l'aumône légale».

Puis le visage envahi par une sorte de nuage obscur, il me rapporte l'affirmation de l’Imâm Al-s.âdiq qui dit : « Dieu qu'Il soit exalté fait sortir des gens de leurs tombes le jour de la Résurrection, leurs mains attachées à leurs cous de telle sorte qu'ils ne peuvent prendre avec une simple fourmi et autour d’eux, des anges qui les insultent violemment en criant : ceux-ci ont refusé de donner une part infime d'un bien énorme, Dieu leur a donné... mais ils ont refusé le droit de Dieu qu'Il soit exalté et glorifié sur leurs biens» .

J'ai constaté en lisant le Coran, poursuit mon père, que l'aumône légale est évoquée souvent avec la prière ce qui démontre son importance dans la loi musulmane.

■ Et lorsque j'ai demandé à mon père pourquoi l'aumône légale a été instituée, il me répondit en me citant le hadıth suivant de l'Imâm Al-s.âdiq (bsl) : «L'aumône légale a été instituée comme une épreuve pour les riches et une aide pour les pauvres. Et si les gens donnent l'aumône légale sur leurs biens, il n'aurait plus de musulman pauvre ou nécessiteux. Il deviendra riche par le droit que Dieu lui accorde. Les gens ne sont frappés de pauvreté, de nécessité, de faim et de nudité qu'à cause des péchés des riches. Il est de droit de Dieu qu'Il soit exalté et glorifié de priver de Sa miséricorde celui qui refuse le droit de Dieu sur ses biens» .

■ L'aumône légale est-elle obligatoire sur tous les biens?

- Il répondit : L'aumône légale est obligatoire:

Premièrement : Sur les deux monnaies, l'or et l'argent, sous conditions.

Deuxièmement : Sur le blé, l'orge, les dattes, le raisin sec sous conditions.

Troisièmement : Sur les chameaux, les bovins y compris les buffles, les ovins et les caprins sous conditions.

Quatrièmement : [Sur l'argent du commerce] sous conditions.

■ Quelles sont les conditions requises pour les deux monnaies que tu as évoquées?

- Elles sont nombreuses :

1- Il faut que la quantité d'or atteigne quinze mithqâl d'échange. Son aumône légale s'élève à 2,5%. Et chaque fois que cette quantité est dépassée de trois mithqâl, il faut en prélever 2,5%.

Quant à l'argent, il faut que sa quantité atteigne cent cinquante mithqâl. Son aumône légale s'élève à 2,5%. Et chaque fois que cette quantité est dépassée de vingt et un mithqâl, il faut en prélever 2,5%.

■ Et si la quantité de ces deux monnaies n'atteint pas la limite évoquée?

- Elle ne peut être soumise à l'aumône légale.

2 - Ces deux monnaies (ou un d'eux) doivent rester entre les mains de leur propriétaire pendant onze mois et qu'elles le resteront au cours du douzième.

3 - Il faut que ces deux monnaies (l'or et l'argent) soient frappées en monnaies d'échange et de commerce.

■ Et en ce qui concerne les bracelets et autres bijoux en or ou en argent?

- Ils ne sont pas soumis à l'aumône légale.

4 - Il faut que le propriétaire puisse en disposer durant toute l'année. Aussi, l'aumône légale n'est pas obligatoire sur les biens perdus pour un temps, communément, considérée.

5 - Il faut que le propriétaire soit majeur, saint d'esprit car l'aumône légale n'est pas obligatoire sur les biens d'un enfant ou d'un fou.

Deuxièmement : Il faut prélever l'aumône légale sur le blé, l'orge, les dattes, le raisin sec, si la quantité de chacune de ses denrées séchées atteigne trois cent s.â‘ (boisseau) (environ 847kg). Le taux d'aumône légale qui s'y applique est le suivant :

a - S'il est arrosé à l'eau de pluie, de rivière ou ce qui leur ressemble de façon à ce que l'arrosage n'exige aucun effort, son aumône légale s'élève à 10%.

b - S'il est arrosé à la main ou par une pompe ou ce qui leur ressemble, son aumône légale s'élève à 5%.

c - S'il est arrosé tantôt avec l'eau de pluie tantôt à la main ou avec une pompe, son aumône légale s'élève à 7,5% sauf si une des deux façons d'arroser est tellement courte qu'elle devient insignifiante, dans ce cas, il faut prendre en compte l'arrosage le plus utilisé.

■ Et si la quantité n'atteint pas trois cent s.â‘, soit environ 847kg?

- Si elle n'atteint pas la quantité déterminée, l'aumône légale ne s'y applique pas.

■ Et quand l'aumône légale concerne-t-elle les quatre récoltes citées?

- Elle les concerne lorsque les appellations blé, orge, dattes et raisin sec s'avèrent exactes.

Troisièmement : il faut prélever l'aumône légale sur les chameaux, les bovins y compris les buffles, les ovins et les caprins si les conditions suivantes sont réunies :

1 - Il faut que leur nombre atteigne le quorum qui varie selon la nature et le nombre des animaux.

Pour les chameaux : un mouton pour cinq, deux moutons pour dix, trois moutons pour quinze, quatre moutons pour vingt, cinq moutons pour vingt cinq, une chamelle de deux ans pour vingt six et une chamelle de trois ans pour trente six chameaux.

Il existe d'autres chiffres qu'on ne peut énumérer ici.

Pour les ovins : un mouton pour quarante, deux moutons pour cent vingt et un, trois moutons pour deux cent un, quatre moutons pour trois cent un et un mouton par centaine à partir de quatre cent.

Pour les bovins et les buffles : un veau de deux ans pour trente, un veau ou une génisse de trois ans pour quarante.

Et il n'y pas d'aumône légale supplémentaire à payer entre deux quorums quels que soient les animaux.

2 - Il faut que les animaux soient au pâturage. Mais, l'aumône légale ne s'y applique pas si le propriétaire leur donne des aliments de bétail même pour une partie de l'année. [Le fait que le bétail soit utilisé pour le transport d'eau, ou comme animaux de bât n'est pas considéré et, par conséquent, il est soumis à l'aumône légale].

3 - Il faut que le propriétaire puisse en disposer durant toute l'année. Si durant l’année, le bien du propriétaire est volé alors l’aumône légale ne s’y applique pas pour le temps considéré communément.

4 – Ces animaux doivent rester entre les mains de leur propriétaire pendant onze mois et qu’ils le resteront au cours du douzième.

Quatrièmement : L’aumône légale est obligatoire [sur l’argent du commerce], c’est-à-dire, l’argent en propriété de la personne et que celle-ci utilise en vue de faire du profit et du commerce. Cette aumône légale s’élève à 2,5% si les conditions suivantes sont réunies :

1 – Il faut que le propriétaire soit majeur et saint d’esprit.

2 – Il faut que cet argent atteigne le quorum d’une des deux monnaies : l’or ou l’argent (Cf. le quorum des deux monnaies).

3 – Il faut qu’une année entière soit écoulée sur cet argent utilisé pour le profit et le commerce.

4 – Il faut que l’intention de faire du profit soit effective toute l’année. Si le propriétaire change d’avis en prenant l’intention de ne pas utiliser cet argent pour cet objectif ou de le dépenser pour des provisions en cours de l’année, l’aumône légale ne s’y applique plus.

5 – Il faut que le propriétaire ait la possibilité de disposer de cet argent toute l’année.

6 – Il faut que l’objectif du propriétaire soit d’amortir son capital ou de réaliser un excédent durant l’année.

■ A qui doit-on verser l'aumône légale prélevée?

- L'aumône légale doit être versée aux nécessiteux qui sont de huit catégories et qui doivent remplir des conditions précises. Dieu qu'Il soit exalté dit : «Les s.adaqât (aumônes légales) ne sont destinées que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l'Islam), l'affranchissement de jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d'Allah et pour le voyageur (en détresse). C'est un décret d'Allah! Et Allah est Connaissant et Sage» (Al-Tawbah (le désaveu ou le repentir), verset 60).

■ C'est quoi la différence entre le pauvre (al-faqır) et l'indigent (al-miskın)?

- Le pauvre et l'indigent impliquent tous les deux une personne qui ne possède pas les moyens de subsistances annuelles pour elle, pour sa famille et qui, par exemple, n'a pas de métier ou profession pouvant lui garantir ses vivres. La situation de l'indigent est plus grave que celle du pauvre.

■ Que désigne l'expression "ceux qui travaillent pour l'aumône légale"?

- Ceux qui travaillent pour l'aumône légale sont les personnes désignées par le Prophète (pbAsl), par l'Imâm (bsl), par le gouverneur légal ou par son représentant pour collecter l'aumône légale et la faire parvenir aux nécessiteux.

■ Que désigne l'expression "dont les cœurs sont à gagner à l'Islam"?

- Ceux dont les cœurs sont à gagner à l'Islam sont les musulmans dont la foi peut être renfoncée en leur donnant l'aumône légale ou les infidèles pour les attirer vers l'Islam ou les aider en raison de leur participation à la défense des musulmans.

Il est utile de souligner que le propriétaire payant l'aumône légale n'a aucun droit de regard sur sa distribution aux deux catégories citées ci-dessus. Ceci relève des prérogatives de l'Imâm et de son représentant.

■ Que désigne l'expression "l'affranchissement des jougs"?

- Elle implique les esclaves qu'il faut racheter pour les libérer.

■ Et ceux qui sont lourdement endettés?

- Ce sont les endettés incapables de payer leurs dettes légales.

■ Et l'expression "dans le sentier d'Allah"?

- Elle concerne les dépenses faites pour les biens publics telles que la construction des mosquées et des ponts. [La dépense de cette part exige la prise en compte de l'autorisation du gouverneur légal].

■ Et enfin le voyageur (en détresse)?

- Il s'agit du voyageur qui n'a plus d'argent ou de moyens nécessaires pour subvenir aux dépenses de son retour, à qui cette situation provoque une gêne et [qui ne peut vendre ou louer une partie ou la totalité de ses biens qu'il possède dans son pays pour couvrir ses frais]. Il faut lui donner les dépenses du retour à condition que son voyage ne soit pas fait pour commettre un péché.

Telles sont les diverses catégories méritant l'aumône légale à condition, toutefois, que la personne qui la reçoit soit croyante. [Elle ne doit pas être quelqu'un qui n'accomplit pas la prière, qui boit du vin ou qui commet publiquement des actions illicites]. Il ne faut pas qu'elle fasse partie des gens qui dépensent leur argent dans les péchés [Il ne faut même pas que le versement de cette aumône légale soit, pour elle, une aide pour le péché ou un encouragement pour la mauvaise action même si elle ne la dépense pas dans ce domaine].

La personne méritant l'aumône légale ne doit être ni un hashimite ni une des personnes à qui on doit verser une pension (al-nafaqa) telle que l'épouse. Le hashimite a le droit de verser l'aumône légale uniquement à un autre hashimite.